top of page
  • Photo du rédacteurAjna

Quel genre d'humain se tourne vers un yoga traditionnel?

Le yoga est un retour à soi, l’individu comprend qu'il est temps detourner son regard vers l'intériorité, qu’il faut s’occuper en premier lieu de son corps et de ses sensations. Après avoir ouvert ses sens, le yoga propose de faire rentrer les sens et leurs sensations au dedans du corps.

Prendre la voie du Yoga et choisir une direction claire n'est jamais simple, elle ne doit pas être prise à la légère. Souvent, il faut le dire, ce retour à soi fait suite à des difficultés, à des souffrances​ ​physiques ou morales. Ce peut être le décès d’un proche, une perte financière, un burn out ou toutes autres déceptions et désillusions de la vie. Ce peut être également une​ ​lassitude des plaisirs matériels, de la superficialité des rapports humains. Cela peut également être l’envie de vouloir s’améliorer, de donner du sens à sa vie, d’y trouver une​ ​meilleure qualité, une recherche intérieure pour de nouvelles connaissances sur soi-même et​ ​sur la vie elle-même.



La tradition décrit trois catégories de parcours parmi les humains :

- LES PREMIERS:

Ils sont celles et ceux qui sont attirés par les plaisirs matériels et les​ ​nourritures terrestres. Leurs préoccupations sont l’accumulation des biens matériels et​ ​la jouissance des plaisirs de ce monde. Mais cela n’est rien en comparaison de leur recherche​ ​de reconnaissance mondaine, car en vérité ce qu’ils désirent secrètement c'est la reconnaissance et/ou​ ​l’admiration de leur propre personne. Dans les textes traditionnels, il est écrit qu'ils constituent le bétail des dieux et des​ ​déesses (páśu). Leurs états de conscience dans les moments de plaisirs et de déplaisirs sont​ ​aussitôt consommés par ces Dieux qui ne leur laissent aucun répit. Cette vision​ ​métaphorique du bétail parqué dans son enclos n’ayant accès qu’à un petit carré d’expériences​ ​limitées, illustre la condition naturelle des humains vivant sur cette terre.​ ​Cette condition est soumise à des puissances qui cherchent irrémédiablement à s’exprimer, il​ ​faut assouvir les pulsions irrépressibles de la faim, de la soif, du sexe, des désirs égoïstes de​ ​reconnaissance de sa propre personne.


- DEUXIEME CATEGORIE D'HUMAINS APPARUE LUE DANS LES TEXTES :

Ils sont celles et ceux qui connaissent les mêmes expériences que les premiers,​ ​mais qui​,​ contrairement à eux, désirent sincèrement s’extraire de cette condition. En eux existe​ ​une volonté de s’affranchir des désirs matériels pour une nourriture plus spirituelle. Préférant​ ​donner un sens moral à leur vie, beaucoup veulent ainsi privilégier la qualité à la quantité. Ils​ ​perçoivent à l’intérieur d’eux-mêmes des sensations de beauté et de pureté qui ne les laissen​t ​pas indifférents. Ceux-là sont, en vérité, à la croisée des chemins, ils et elles possèdent les​ ​qualités pour s’affranchir des illusions de la vie matérielle et sont réellement doués pour​ ​éprouver les réalités spirituelles de la vie intérieure. Mais dans les faits, la plupart se​ glissent dans des engagements militants ou poursuivent des causes réputées justes,​ ​reproduisant à leur insu les mêmes motivations de reconnaissance mondaine.

Ils s’égarent​ ​ainsi dans des voies politiques, sociales ou culturelles qui ne sont en réalité que des impasses​ ​menant à l’oubli de soi.


Plus rares sont celles et ceux qui comprennent que si le monde pose​ ​problème, c’est en rapport avec leur propre comportement et leur propre jugement face au​ ​monde et non à cause du monde lui-même. « Si tu veux changer le monde commence par te​ ​changer toi-même » nous dit le célèbre dicton de Gandhi. Pour ces derniers, s’ils décident​ ​d’emprunter la voie du yoga et s’ils rencontrent un maître avéré d’une lignée véritable, tout​ ​devient permis et le chemin s’ouvre alors vers la réintégration de la totalité de leur être, le Soi.


- TROISIEME CATEGORIE : LA GRÂCE DES LA NAISSANCE

Enfin faut-il encore mentionner celles et ceux pour qui tout est déjà fait. De par leur​ ​naissance, tout est déjà accompli. S’il convient de faire encore quelque effort sur la voie, c’est​ ​seulement celui du souvenir et de la reconnaissance de leur propre nature. En s’unissant à​ ​eux-mêmes, ils se reconnaissent alors comme étant de nature pure, parfaite et omnisciente.

Ces êtres plongés dans leur propre Soi appréhendent l’Univers comme un reflet de leur propre​ ​intériorité. Ils ne sont pas soumis au Karma, leurs actions n’atteignent aucun but, les fruits​ ​de leurs actes sont offerts au feu du détachement intérieur. Agissant en toute spontanéité, au​ ​service de la Conscience, ils se vouent à une vie purement spirituelle, à la compassion, à la​ ​louange des dieux et des déesses, à l’adoration et la contemplation divine.


La quête intérieure

Pour celles et ceux qui cheminent en quête de vérité et veulent s’affranchir du voile de​ ​l’illusion, il faut donc s’efforcer et suivre les enseignements du yoga. Ce chemin symbolise​ ​le travail sur soi et l’aventure de la connaissance intérieure. Il est traditionnel chez le maître, à​ ​ce moment de décision, de faire douter l’élève et de lui proposer une véritable réflexion avant​ ​même de commencer. C’est ainsi que la première qualité requise est l’envie de s’engager sur​ ​ce chemin. Il faut une grande conviction pour s’élancer sur la voie du yoga, il faut la volonté​ ​de quitter volontairement les bénéfices d'un vie mondaine, tout en y restant pour AGIR LIBRE. Paradoxalement tout est déjà contenu dans cette première intention. En effet, à ce point de départ, pour​ ​l’adepte qui réalise la continuité du Soi, le point de départ se confond avec le point​ ​d’arrivée et il n’y a alors plus nulle part où aller.


Mais rares sont celles et ceux pour qui le chemin peut être ainsi abandonné si vite. La plupart​ ​doivent continuer à cheminer et à travailler sur eux-mêmes. Selon la tradition Nâtha, il faut​ ​apprendre à mobiliser les meilleures énergies. Une fois la décision prise de s’engager sur le​ ​chemin du yoga, il n’y a plus que des certitudes, celles de suivre les directives du Guru et de​ ​​s’appliquer dans les pratiques proposées. Ojas est le nom sanskrit donné à cette mobilisation​ ​des énergies. Ojas est ainsi la vitalité profonde de l’individu, elle est la véritable force motrice​ ​sur le cheminement intérieur. En vérité, ce sont les mêmes déterminants qui projetaient​ ​l’individu vers l’extérieur et qui maintenant le poussent à agir vers l’intérieur.



Nous voyons combien Ojas est une force subtile très importante qu’il convient de développer​ ​en soi. Si la pratique du yoga passe par le corps, la visée reste tout intérieure. À ce titre, l’un​ ​des buts du yoga​ ​est bien d'accroître la puissance mentale de l’individu, d'accroître Ojas.


Pour ce faire​,​ l’élève doit accompagner les pratiques de yoga par un changement dans ses​ ​habitudes de vie. S’il avait laissé s’installer de mauvaises habitudes de vie, il faut qu’il les​ ​conscientise puis qu'il les abandonne. Pour mobiliser les meilleures énergies, l’élève doit se maintenir en​ ​forme avec une bonne hygiène de vie. Il est excellent par exemple de doubler la pratique du​ ​yoga par celle d’un sport en plein​ ​air. Dans ce cas, il est préférable de choisir une activité​ ​physique qui fasse travailler le corps de manière équilibrée. La marche, la course, le vélo, la​ ​n​atation si possible en mer ou en rivière sont des activités physiques qui complètent​ ​idéalement la pratique du yoga. À ce sujet, il est préférable d’enchaîner dans l’ordre : activité​ ​physique et yoga, et non l’inverse, de sorte à finir sur une pratique intériorisée, véritable but​ ​de tout l’exercice.

Dans le Tantra, les attaches deviennent des fils conducteurs vers la liberté, et les désirs de​ ​puissantes énergies pour suivre le chemin de la réintégration vers la totalité de son être. Le​ ​tantrika n’ignore rien de ses désirs et de ses pulsions et notamment de ses pulsions sexuelles.​ ​L’adepte doit prendre conscience des énergies animales présentes dans les centres du bas.​ ​Frustration, colère, désir sexuel, faim et soif doivent être surveillés de près.


Il s’agit non pas de​ ​réfréner ces énergies mais au contraire de les faire remonter vers le haut par le conduit de la​ ​Sushumna Nadi. L’adepte doit ainsi assumer son animalité et reconnaître en lui ce potentiel : énergie de défense du territoire, énergie sexuelle d’accouplement et de perpétuation de​ ​l’espèce, énergie de prédation, de la faim et de la soif. C’est indiscutablement dans ce​ ​réservoir que l’adepte doit puiser pour élever sa fréquence vibratoire et augmenter sa​ ​​puissance mentale.


Satya.


Extrait tiré d'une note de la tradition Natha (extrait non signé).

58 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page